Un journal sur la vie en Espagne. C’est sans filtres, avec authenticité, toujours avec tendresse, que j’ai le plaisir de partager quelques fois ici, des tranches de vie. Issus de mon journal de bord, ces moments que je partage avec vous depuis le début de la création de notre entreprise, sont une façon de vous emmener dans l’une des réalités de l’Espagne. Nos traditions. Notre façon de vivre. C’est aussi une façon créative de partager avec vous, des expériences et les bonheurs simples.
Je suis Aleksey, chasseur immobilier pour Retraite en Espagne. Au travers de notre blog ainsi que notre groupe facebook, nous parlons de démarches administratives, impôts, comment acheter en Espagne, mais aussi de tourisme et faits culturels. Nous disposons également d’un guide gratuit très complet concernant la Retraite en Espagne, cliquez ici pour le télécharger. Dans cet extrait, je vous parle du bonheur simple de recevoir la famille… Et l’art de toujours prévoir un peu plus sur la table, car n’oublions pas : En Espagne, l’amitié et la famille sont des piliers de notre société !
Contenu
- Un dimanche comme un autre, en Espagne
- Vous ne saviez pas cela de l’Espagne lire l’article ici (Part 1)
- Journal d’Aleksey : lire l’extrait – Murcia, une Espagne rurale, qui fait du bien (Part 1)
- Témoignage Retraite en Espagne : « Cette ville était trop expat pour nous. »
- Voici les premiers pas à connaître pour passer votre retraite en Espagne
- Margarita Gil Roesset, lire l’article sur cette artiste espagnole qui aurait inspiré Saint Exupéry pour « le Petit Prince ».
- 5 raisons pour lesquelles le climat méditerranéen améliore votre santé en Espagne
- Pourquoi la région de Murcia a autant de succès ? (1)
- Santé en Espagne : ZEM Wellness Clinic Altea est un incontournable européen.
- Golf à Alicante : Les meilleurs terrains de golf sur la Costa Blanca (Part 1)
- Retraité suisse en Espagne : les avantages
- Merci pour votre lecture !
- Témoignages des clients de « Retraite en Espagne »
Un dimanche comme un autre, en Espagne
J’ouvre les yeux en sentant la voiture tanguer. Nous sommes sur le chemin menant au domaine familial, le domaine des Vidal Garcia. En effet, la famille d’Eduardo et la mienne ne se sont pas seulement unies par notre relation, mais aussi par celle de mon cousin et de ma belle-sœur. Ce fait fait l’objet de quolibets et plaisanteries perpétuelles au sein de nos familles. Néanmoins, je reconnais volontiers que cela facilite grandement les choses lors des événements et réceptions. La seule énigme c’est que je ne sais jamais à combien nous allons nous retrouver à table. Il y a toujours des invités surprises. Le portail s’ouvre. Je souris de plaisir.
Je suis arrivée le plus simplement possible, me réjouissant à l’avance des plaisirs de la campagne. Mon rituel est le suivant : je dis d’abord bonjour aux humains que je trouve dans la propriété. Je dois reconnaître que je ne les cherche pas non plus, je « tombe » dessus. En fait, chacun vaque à ses activités, il y a quelques points de repère, des endroits de prédilection. Par exemple, ma belle-mère est soit dans la cuisine, soit dans la salle de réception en train de lustrer tout ce qui est en bois et en verre. Mon cousin, c’est soit la salle de réception, soit les écuries. Ma belle-sœur, c’est soit dans la maison principale en train de laver les sols, soit derrière son père en train de le fustiger. Chercher la fille, c’est parfois trouver le père, parce que disons-le tout de suite : le personnage le plus difficile à trouver, c’est le père d’Eduardo.
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Vous le pensez au jardin, il est dans le poulailler. S’il n’est pas dans la cours, il est au foin. Vous pourrez le retrouver dans la maison, dans le salon, avec son chihuahua dans les bras. Dans une quasi-pénombre, volets fermés en partie pour éviter la chaleur, il roupille. Seul l’oeil de son chihuahua reste allumé, vigile infatigable avec la langue dehors. Attention, celle-ci, elle mords et elle couine.
Aujourd’hui il se chamaille avec les poulains qui viennent salir les murs (je soupçonne, malicieusement) alors qu’il vient de les nettoyer. On l’entend au loin protester : « Mais non, tu ne peux pas faire ça ! » Puis l’animal qui hennit. Il retourne avec l’éponge, se transformant en Sisyphe moderne, pendant que les chevaux s’alignent devant lui, peloton de crins et de poils, prêts à de nouvelles facéties. Eduardo se dirige vers la maison, je me dirige vers le jardin pour inspecter les alentours. Bon, mauvaise nouvelle. Un oisillon de tourterelle au sol.
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C’est trop tard, il est envahi par les mouches. Ses parents sont posés sur une poterie, silencieux et confiants. Ils ont d’autres enfants mais surveille le défunt. Vie et mort dans les champs. Il y a un cheval attaché, je l’appelle « Massimo » et me rends compte que ce n’est pas Massimo. Massimo, il est plus massif, il a une poitrine plus large. On se regarde. On a bien une chose en commun, c’est le dérangement provoqué par les mouches.
Je continue mon chemin. Je vois au loin Luis et me dirige vers lui, pour le saluer. Luis est le palefrenier. Je n’ai jamais trop osé le dévisager en réalité, de peur de paraître étrange. Je ne le connais pas encore assez pour exercer ce loisir ; d’ailleurs, je n’arrive pas à bien enregistrer son visage. Déjà que je ne suis pas physionomiste.
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Luis est un homme à peine plus grand que moi. Je le soupçonnerais même d’être plus léger s’il n’était pas ciselé par des muscles discrets. Il ne parle pas trop aux humains en journée, plus aux chevaux. Sa façon de sympathiser, c’est de le faire autour de la bière ou de la nourriture. Sinon, je pense qu’il n’ose pas. Ce qui est merveilleux avec Luis, c’est de voir comment un aussi petit homme peut être aussi capable d’autorité auprès de monstrueux chevaux. Je ne sais pas si Luis impressionnerait un humain d’1m80 faisant 100 kilos tout en muscle. En tout cas, il n’a pas ce problème avec les entiers et les juments. Sur le dos des étalons, il semble encore plus petit, tellement léger qu’on a peur qu’il s’envole.
Du haut des chevaux, après les avoir fait danser, taciturne, il sort une clope de sa poche, puis fume en regardant l’horizon. « Bonjour Luis« . Il répond bonjour, mais il ne retient jamais mon prénom. En même temps, nos échanges se limitent à la cordialité : je lui demande comment s’appelle un tel cheval. Il m’ouvre un box pour me détailler le pedigree d’une jument, je n’y comprends absolument rien, mais il est content, alors je suis contente ; bref, tout le monde est content et je conclus avec « bon ben on se voit tout à l’heure, je vais dire bonjour aux autres chevaux« .
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Je poursuis mon itinéraire informée que cette femelle, c’est une trois-quarts de sang. Retenir : La grise. Celle qui est vraiment toute grise pas mouchetée. La grise, quoi, c’est une trois-quarts de sang. Luis ne trouve pas étrange que j’aille saluer tous les chevaux, pour lui, c’est ce qu’il y a de plus normal. On est toujours le bizarre de quelqu’un. Par chance, on est toujours aussi la personne la plus normale au monde pour d’autres. Je vais voir les poulains et de ce fait, mon beau père. Je traverse la cour. Voilà. Il est là dans la cuisine extérieure? Mon beau-père. Il a mis un chapeau de pêcheur et il a surtout bien bronzé. De loin, ses yeux verts sont animés d’une sorte de plaisir. « J’ai réussi à faire un beau feu pour le barbecue« . Il me le montre. Pas peu fier.
Entre temps, j’ai déjà perdu Eduardo. « Il est où ton fils ?« . Il ne sait pas où il est. On perd tout le monde dans cette baraque, c’est pas possible. Mon cousin sort de la cuisine. Il me regarde de haut en bas. Il cherche encore une plaisanterie à me faire. Se contente d’imiter l’accent français et m’indique qu’Eduardo s’est installé dans la cuisine. Mais celle, à l’intérieur. Je connais le piège : si je rentre dans la maison, je ne vais pas en ressortir. Des corvées vont me tomber dessus et j’ai encore les juments à aller saluer. Je me débine en prétendant jouer avec Tizon, un bodeguero murciano intrépide, direction le patio.
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Une de mes cousines, la Vicky, s’y trouve avec son cheval. Elle est en tenue d’équitation et nettoie les sabots. Vicky est une jeune fille très impliquée dans la vie familiale et aussi, animale. Son désir de faire plaisir à tout le monde et son souhait d’être une bonne personne sont très palpables. J’aime les gens qui, comme elle, aspirent à toujours devenir meilleurs. L’idée me satisfait d’autant plus que nous sommes de la même famille. Oui, je l’aime bien, cette petite. Elle va faire ses 18 ans bientôt, mais elle est organisée, responsable, ordonnée, serviable. Sérieuse. Vraiment très sérieuse.
On ne lui décroche pas en un claquement de doigts un sourire. Elle a le profil de l’Arlésienne. Le visage encore d’un bébé mais les yeux verts, la bouche charnue comme il faut. Elle est grande, avec un potentiel sculptural. Cheveux blonds rabattus en arrière, accrochés par un simple élastique, elle est le présage évident d’une beauté incarnée. Vicky n’est pas toujours à la propriété, si elle est là, c’est qu’elle déjeune avec nous. Une assiette de plus. Aleksey pense à ajouter une assiette de plus sur la table. Hop. De nulle part, encore un cousin quim’indique la venue de deux enfants en plus du couple. Je pressens un petit enfant indépendant et un bébé. Aleksey : penses à de la place pour la poussette. Une assiette et un couvert supplémentaire.
Témoignage Retraite en Espagne : « Cette ville était trop expat pour nous. »
Parfois, lorsque je viens en semaine, je trouve de nouveaux humains dans la propriété familiale. Des clients venus pour voir les chevaux. Ou des amis que je ne connais pas. Des visages familiers sur lesquels je ne replace pas les noms mais auxquels je souris par politesse. Si c’est le dimanche, je dois demander à plusieurs reprises combien de personnes déjeuneront. Un coup, c’est 6. Une demi-heure plus tard on me dit qu’on sera finalement 8 puis nous terminons à 12 personnes. Par chance, il y a toujours assez de chaises, de tables, de couverts, d’assiettes.
Comme il y a toujours trop sur la table, parce que chez les Vidal, on ne supporte pas l’idée que quelqu’un ne puisse pas manger suffisamment. Et c’est le même topo pour les Garcia. On termine avec beaucoup de restes, puis il y a toujours un chien plus heureux que les autres, qui trouve un bon brave pour lui donner un morceau demeurant inconsommé, dans l’assiette. Quoi qu’il en soit, je reçois un sms d’Eduardo qui me dit d’aller dans la cuisine. Le portable reste le seul moyen parfois de retrouver quelqu’un. C’est pourtant pas non plus un aéroport. Au moins, dans un aeroport, les gens indiquent leur venue et leur sortie, ce qui n’est pas le cas ici.
Voici les premiers pas à connaître pour passer votre retraite en Espagne
Je retrouve Eduardo au milieu des chapelets de saucisses, occupé au téléphone. Comme d’habitude. Au sol, Caroline la chihuahua qui danse de joie autour de lui. La chienne de mon beau-père, Poupie, s’est mise près du réfrigérateur, une petite patte repliée contre elle, et fait son drame habituel. On dirait que le simple fait d’exister l’accable. Elle doit pressentir l’arrivée d’humains sur son territoire. La perspective même d’imaginer un enfant passer cette porte doit lui donner des cauchemars. Elle est tellement dramatique qu’elle devrait être le chien d’Isabel Pantoja.
Eduardo raccroche et déballe les viandes. On ne me propose pas de tâches. Poupie semble en pleine contrition mais l’odeur de la viande lui donne un regain qui lui fait oublier son rôle dans la télénovela. « Eduardo, elle est où, ta sœur ? » Il me dit que je n’ai qu’à lui téléphoner. Les invités ne vont pas encore arriver. J’ai le temps de traverser la cour et d’aller dire bonjour aux chiens et aux poules. Stupéfaction ! Il y a des poussins. Je suis furax ils ont déjà plus d’une semaine ! Personne ne m’a prévenue pour les poussins. C’est incroyable ! J’ai pourtant insisté pour les poussins !
Margarita Gil Roesset, lire l’article sur cette artiste espagnole qui aurait inspiré Saint Exupéry pour « le Petit Prince ».
Il est quand même temps de finir avec les salutations et de reprendre les obligations de l’humanité : dresser la table dans le salon de réception. De guerre lasse, nous avons destiné un espace spécifiquement pour les réunions familiales. Je lutte contre une nape en espèce de lin plastifiée que la chaleur rend collante. Emilie trouve judicieux de me mordiller les orteils. Se faufilant tel un lézard en ouvrant à peine la baie vitrée, Luis semble soudainement très animé. « Tu veux une bière ? » me lance-t-il alors que je suis en train de disposer les fromages. Je réponds par l’affirmative et déduis que je dois ajouter un couvert et une assiette en plus.
Surgit soudainement Vicky, mais heureusement sans le cheval, avec deux assiettes de salades dans les bras. Encore en tenue d’équitation. Et je suppose que toute sa beauté réside dans le fait qu’elle n’y accorde aucune importance. Elle est ici celle qui parle le moins mais celle qui en fait le plus. Son sens sacrificiel dans l’aide, le soin qu’elle apporte tacitement aux autres, a quelque chose de touchant. Elle n’est pas présomptueuse. Je me sens sourire en la regardant. Je me souviens d’elle, petite, enfilant sa tunique de procession, m’attrapant pour faire la photo pendant la semaine sainte.
5 raisons pour lesquelles le climat méditerranéen améliore votre santé en Espagne
Avant, elle se blottissait contre moi et venait avec ses histoires de petite fille. Maintenant, on se parle peu, je la vois toujours petite cependant, c’est comme si c’était hier. C’est donc cette sensation-là que les parents doivent vivre. Maintenant, ce n’est plus un bébé, c’est une jeune femme. Maintenant, ce n’est plus elle qui me demande « et ça c’est quoi » mais c’est moi, son élève, qui lui demande de me parler des chevaux. Nous avons à peine le temps de préparer la table que nous entendons se garer des véhicules dans la cours, avec des cris joyeux d’une petite enfant. En un claquement de doigt le salon se transforme en club social et Luis en est à sa deuxième bière. Je n’ai pas touché la mienne. Elle fait de l’oeil sur le comptoir mais elle est saisie et bue.
La soeur d’Eduardo apparait elle aussi telle une fée, nimbée par les petits chiens qui oscillent autour d’elle, comme les angelots autour de la madone. En trois soupirs la famille est au complet et envers et contre tout, j’avais oublié un couvert et une assiette.Dans le patio, les chevaux donnent des coups de sabot, agacés par les mouches intrusives. La table est l’objet de discussions parfois aléatoires. Teresa del niño Jesús, la dernière petite pouliche, fait venir les curieux. On la dit prometteuse. Tout le monde s’agite en disant qu’elle sera parfaite. Les poussins sont nés, dit mon beau père. C’est une information de moindre intérêt, d’ailleurs on ne me l’a même pas dit.
Pourquoi la région de Murcia a autant de succès ? (1)
Je le fait remarquer, que j’aurai bien aimé qu’on me prévienne pour les poussins. La jérémiade passe inaperçue. Bien sûr, les œufs des poules sont délicieux et Tizon avait encore fugué. On l’a retrouvé à provoquer les chiens du voisinage. Nous avons tous un air désapprobateur. Au moins, la Elisabeth la Chiquita elle, elle ne s’échappe pas, elle glisse comme invisible entre les buissons, l’œil luisant, n’hésitant pas à aboyer sur l’inconnu. Mais pourquoi est-ce que dans cette baraque, les animaux ont des prénoms humains ou ont tous des noms étranges ?
Nous sommes entre humains et entre animaux, alors c’est normal que les conversations aient ces allures pastorales, centrées sur les plaisirs et inconvénients de la campagne. Caroline n’a pas envie d’agitation, elle a choisi le panier. Émilie, elle, veut passer de bras en bras, régalant d’amour pur qui le veut bien. Elle décape les oreilles d’un petit coup de langue et s’embaume de tous les parfums. Ma cousine Vicky a le bébé des amis sur les genoux. Le bébé lui aussi passe dans tous les bras. L’enfant rit beaucoup, elle profite d’autant de voix.
Santé en Espagne : ZEM Wellness Clinic Altea est un incontournable européen.
En fait, nous sommes tous là pour échapper à la vie « citadine » même si nous n’habitons pas de grandes villes. Ici, nous avons tous un métier de service, avec des relations avec beaucoup d’humains. Nous sommes dépendants d’internet, des réseaux ; le soulagement, c’est le portable du travail laissé à la maison ou rendu silencieux par un simple glissement de doigt. Pourtant, nous aimons tous le contact ; le moins « sociable », c’est peut-être bien Eduardo. Le week-end à la campagne, c’est pourtant le point qui élimine toutes divergences possibles. Nous y sommes tous contents. L’intendance est un plaisir.
Faire la cuisine ? Nous sommes hommes et femmes dans la cuisine, il y a toujours quelque chose à dire. Faire la vaisselle ? On parle en même temps. Même les petits font quelque chose. Il faut leur apprendre combien ils sont utiles, même si leur apport est simplement de porter trois cuillères et de courir dehors chercher les messieurs occupés à regarder le palefrenier faire danser le cheval nommé « Massimo ». Le déjeuner passe vite et en un claquement de doigt nous avons tout débarrassés. La petite fille des amis, Lola, trépigne. Elle a envie d’aller dehors, mais ses parents n’ont pas envie de bouger de la chaise. Je me propose haut la main pour échapper à plus de discussion. On s’échappe.
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Dehors, les chiots mastins se mettent dans mes jambes, leur effusion se transcrit par les coups de tête dans les mollets qui déstabilisent. Ils lèchent affablement les petites mains de Lola qui ne cessent de rire. Elle me confie du haut de ses quatre ans que mon cousin Pedro est très beau, mais que moi aussi je dois savoir que je suis belle. Je l’informe que je ne dirai pas à Pedro qu’il est très beau c’est un secret de fille. Elle acquiesce avec un air très certain, je déduis que nous prenons la confidentialité très au sérieux. Je la remercie et je lui dis qu’on fait le groupe des « guapas », qu’elle est belle, elle aussi. « Quand même je le sais ! » qu’elle répond, avec entrain. Et en plus, elle a du caractère ! Anda !
Dès qu’il y a des enfants, ils terminent avec moi, à explorer les jardins, à aller saluer les animaux. Cours rapide d’ornithologie car il faut qu’ils connaissent le nom des oiseaux, c’est toujours mieux que celui des marques de fringues et autres noms d’influencers. Après lui avoir lavé les mains, je prend Lola dans les bras et me dirige vers l’enclos des juments. La petite arrange les cheveux sur mon front de ses doigts menus et avec son souffle. Elle m’indique que je devrai porter des barrettes.
Retraité suisse en Espagne : les avantages
Devant l’enclos, Lola demande :
-Comment elle s’appelle ta jument ?
-Celle avec qui je suis le plus copine, Nochebuena.
-Et le petit là, regardes c’est un bébé regardes le petit !
-C’est une fille.
-Elle s’appelle comment ?
-Teresa del niño Jesus.
-Mais toi tu t’appelles comment alors ?
-Je suis Aleksey.
-Et les petits chiens ?
-Les deux chihuahas avec qui tu as joué s’appellent Emilie et Caroline. Les trois avec nous, c’est Tizon, Suzanne et Elisabeth la chiquita.
Silence. Elle regarde à nouveau la jument avant de tourner sa petite tête brune, et déclarer, les yeux plissés :
–Vous êtes très compliqués avec vos prénoms très compliqué, tu vois, moi je m’appelle Lola, ma tante et ma grand-mère et ma mère s’appellent Lola.
-Et quand on appelle « Lola », comment tu sais que c’est toi qu’on appelle et pas ta tante ?
-Ah, mais ça, c’est parce qu’il y a Lola et puis il y a Lola.
Face à cette réponse sage, je ne relançais pas la conversation. L’enfant avait tranché : Nous sommes tous très compliqués avec des prénoms très compliqués. Dans l’idéal, nous devrions tous nous appeller Lola, parce que vous comprendrez, qu’il y a Lola, et puis il y a Lola.
Extrait du journal d’Aleksey, de mai 2025.

