Capitale de la région du même nom, Murcia est une ville vivante à l’année, haute en couleur et en culture, la région en elle même est très souvent le théâtre de plusieurs extrait du « Journal d’Aleksey« , une rubrique unique et authentique que vous pouvez consulter ici. Mais le charme de Murcia, dépend aussi en partie de ses habitants, ou plutôt, dans cet extrait, de ses habitantes ! Je suis Aleksey, chasseur immobilier pour Retraite en Espagne. Au travers de notre blog ainsi que notre groupe facebook, nous parlons de démarches administratives, impôts, comment acheter en Espagne, mais aussi de tourisme et faits culturels. Nous disposons également d’un guide gratuit très complet concernant la Retraite en Espagne, cliquez ici pour le télécharger.
Le journal d’Aleksey ou une vision de l’Espagne à la portée de tous.
En réalité, je crois qu’on ne tombe pas seulement amoureux de la ville de Murcie, mais aussi de ses habitants. Pour moi, ils représentent la vraie Espagne du sud. Ce sont des gens qui ont gardé cette proximité propre aux zones rurales, ce bon sens naturel qui les prédispose à l’aide d’autrui. Dans cet extrait du « Journal d’Aleksey », je parle avec humour, une petite pointe d’ironie mais alors toute petite, mais surtout, beaucoup de tendresse et d’admiration, des Murcianas.
Las Murcianas. Ces femmes que vous verrez peut-être en semaine habillées décontractées mais que vous retrouverez transformées pour les fiestas, tardeos et sorties. N’oublions pas que nous sommes dans un pays latin, où l’apparence est très importante, où le regard de l’autre a de l’importance. Même si l’on ne devrait pas accorder autant de crédit à des inconnus, cela fait partie de la culture et cela doit se comprendre. Parce que l’objet de notre catégorie « Journal d’Aleksey », c’est de vous montrer une Espagne loin du circuit touristique, des images surfaites. Nous aspirons à partager avec vous une expérience authentique. Je vous souhaite une bonne lecture de cet extrait, issu de mon journal, le « Journal d’Aleksey »
Les femmes de Murcia – 2021
(…) Et les femmes, les femmes de Murcie, qui dès 19h sortent toutes apprêtées, parfois en robes fleuries, élégance de mise. Il y a de l’exubérance dans les couleurs et dans les motifs, parfois dans les coupes. Des rappels plus ou moins discrets de flamenco, prolongement de cet art jusqu’aux ongles qui sont impeccables. Les textures des tissus et leur mélange entre eux. Elles aiment les plumes en bas des robes, autour des manches. Elles sont fières sur la place de la Cathédrale, où elles marchent lentement, car elles aiment observer autour d’elles et, par-dessus tout, elles aiment être vues.
Les célibataires sont des chasseresses discrètes mais pointues. Sous des airs de chaste Artémis, elles tirent depuis leurs iris des flèches sans pitié dans le cœur des potentiels Endymion. L’art d’un regard par-dessus l’épaule, légèrement en biais comme défiant. La poitrine se bombe lorsqu’elle se gausse de la réponse intéressée des yeux masculins. Espagnoles, on dirait des palomas fragiles et trépidantes, celles que l’on tient dans les mains et qui pressent le prochain envol.
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Il s’immisce parfois des jeunes filles qui n’ont pas encore compris que montrer plus de peau ne les rend ni plus belles, ni plus attirantes. Ce qui est merveilleux avec Murcia, c’est que personne ne leur manquera de respect ni les jugera ; au contraire, elles seront honorées en toute discrétion par quelques sourires amusés d’hommes dont l’imagination partira au quart de tour. Les anciennes les plus modernes, à la vue de la cuisse légèrement capitonnée par la cellulite qu’elles ont toutes depuis leurs 12 ans, auront des souvenirs de ce qu’elles ont fait et surtout de ce qu’elles n’ont pas fait.
Elles sont incroyables, ces anciennes, elles vous diront qu’il faut profiter de la vie et certaines assureront qu’il ne faut plus s’embêter avec un mari. Les plus rétrogrades lèveront les yeux au ciel dans une invocation muette ou marmonnée au Seigneur. Si elles sortent avec leur mari et que ce dernier tourne les yeux, je peux vous l’assurer : j’en ai entendu certaines les gronder et même les frapper d’un vif petit coup donné du bout des doigts. C’est incroyable comme, d’une pichenette, les vieux messieurs se courbent comme si on les avait frappés avec un bâton.
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Les jouvencelles ont ce genre assez sexy jusqu’à environ 25 ans. C’est-à-dire, jusqu’à ce que les choses deviennent un peu plus sérieuses, qu’il faille travailler, entrer dans la société active. Pour certaines, c’est l’âge du couple et de l’enfant. Elles grandiront et laisseront rapidement l’avanie de la fast fashion, son éthique discutable et sa qualité déplorable, pour d’autres atours plus sophistiqués et interpellants. Elles s’emplumeront et inverseront les règles de la séduction des volatiles. Si les mâles oiseaux sont très souvent plus colorés et plus beaux que les femelles, les Murcianas, elles, préfèrent prendre les devants et montrer leur art au travers de ces tissus qui s’irisent au soleil comme la robe d’un étourneau sansonnet. Elles rendent petits et insipides les hommes qui n’ont pas fait l’effort de sortir arrangés, ces hommes dont l’allure est triste qu’un Cubain voyant un moineau se poser sur le bord de sa fenêtre.

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Parfois, elles se parfument un peu trop, et on ne sait pas si elles nous font tourner la tête parce qu’elles sont charmantes ou bien parce qu’elles nous saturent le nez avec leur parfum capiteux. Parfums devenus communs à mes narines, les Carolina Herrera, les Rabanne, les Lancôme et les Jean-Paul Gaultier, qui n’en rendent aucune reconnaissable entre elles. De ce fait, l’homme ne se réfère pas à son instinct animal ; elles l’ont troublé et lui rendent la tâche difficile.
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Les plus sophistiquées osent des parfums moins connus, tandis que d’autres se distinguent avec Loewe, Loewe qui est définitivement un parfum pour les Espagnoles. Audacieuses (ou kamikazes) sont celles qui osent les Thierry Mugler, qui, rapidement sous le soleil accablant de Murcie frappant sur les peaux les plus acides, tournent au vinaigre, provoquant un haut-le-cœur dans la foule. Il y en a toujours quelques-unes qui oublient que la chaleur méditerranéenne n’est pas compatible avec certains effluves, et c’est tout de même bien dommage. Mais il n’est pas élégant de souligner ce sujet-là alors, je ne m’y attarderai guère.
Venons aux expressions corporelles et celles du visage. C’est la commedia dell’arte pour certaines, entre les yeux qui s’exorbitent, les bouches qui s’ouvrent grandes et se déforment, ce qui donne un curieux mélange entre l’habit apprêté et celle qui le porte. Beaucoup de drame également dans les mains ; elles regardent au ciel (comme les grands-mères), elles minaudent (comme les petites filles). Donner un âge devient un défi : à l’expression, elles en ont 80, à l’aspect, elles en ont 50 de moins. La femme du sud de l’Espagne, c’est un spectacle que l’on regarde, mais que l’on doit regarder avec respect. Il faut que ce regard soit une sorte d’hommage.
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Faire en sorte que tous ces efforts pour se coiffer impeccablement, se maquiller, choisir la tenue et les bonnes chaussures soient « reconnus« . Finalement, Pedro Almodóvar n’a pas tellement inventé ; il a simplement montré son bon sens de l’observation, laissant traîner une oreille indiscrète au passage des jupons et des talons aiguilles. De quelques lambeaux de conversations, il a créé des films et moi-même, j’ai entendu tellement d’histoires assise à la table d’un bar ou à une tablée un peu éméchée en fin de dîner… Il n’y a même plus l’intention d’inventer, simplement s’asseoir avec un calepin et noter des situations ubuesques, contées avec des ponctuations de sourcils relevés, de lèvres rouges qui claquent de désaccords, de mains qui se secouent en l’air comme un flamenco en disgrâce.
Il y a des femmes avec une beauté singulière. Elles ont souvent des profils que je qualifierais de « peintures« . On peut même évoquer le profil canonique de l’Arlésienne. Parfois, ce sont de grands traits qui donnent du caractère à leur visage. Vous voyez, elles deviennent soudainement aussi intéressantes qu’une Monica Bellucci, parce qu’elles ont du charisme. Elles possèdent une présence, un visage unique à la Rossy de Palma. D’autres sont des sculptures de la Vierge ou de Saintes, sculptées par Salzillo et échappées du musée du même nom.
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Alors, est-ce à cause de ces sourcils ? Ou de ce nez ? Ou serait-ce de ces expressions ? Qu’est-ce qui rend les femmes de Murcie si belles, « artistiquement » parlant ? D’autres, par leur teint, la texture de leurs cheveux et le grain de leur peau, sont la preuve claire d’une lointaine occupation maure. Ces femmes, qu’un expatrié pourrait penser venir d’Afrique du Nord, sont espagnoles depuis de nombreuses générations. D’autres femmes, au contraire, pourraient, aux yeux de ce même expatrié, être vues comme des filles de l’Est ou du Nord, à cause de leur blondeur, de leur teint et de leurs yeux clairs. On oublie que l’Espagne est un grand mélange culturel, que les Andalouses ne sont pas automatiquement de petites femmes brunes, aux grandes boucles noires et aux yeux d’un marron profond, s’ils ne sont pas obscurs.
La Murciana, elle, est de toutes les couleurs, de toutes les formes, de toutes les tailles, même si elle a une prédisposition à ne pas dépasser 1,65 m de façon générale, mais elle triche avec les talons. Les femmes de Murcie, qu’elles sont joliment caractérielles et scandaleuses quand elles se fâchent ! Leurs mains prennent une forme menaçante et plate, ou alors, elles se réduisent à un pouce-index-majeur levés comme pour conjurer une mauvaise parole. Sinon, seul le poing fermé avec l’index levé et accusateur entraînera une correction de propos ou une nouvelle menace. Elles invoquent le doux nom de Jésus, Sainte Marie ; les Murcianas, je vous l’ai dit, réveillent le Diable avec leurs talons qui martèlent le sol, mais elles tirent d’une docile rêverie tous les saints dans une complainte, la colère et le désespoir.
Journal d’Aleksey, lisez cet extrait « La vieille maison espagnole »
Mais envers et contre tout, les Murcianas sont bien gentilles avec les autres femmes. Bien sûr que ce malheureux esprit de compétition et la jalousie existent partout ; néanmoins, elles ont cet esprit sororal naturel qui dépasse les faiblesses de l’égo et de l’insécurité. Et c’est certainement cela que je préfère chez elles. La femme de Murcie, c’est celle qui viendra arranger votre robe si elle est mal mise. C’est celle qui, d’un gentil geste, corrigera votre rouge à lèvres qui a débordé. C’est aussi celle qui vous dira « Guapa » dans la rue et sera capable de vous accoster pour vous demander où vous avez acheté d’aussi jolies chaussures.
Si, en plus, elle a le cœur léger à cause de l’Estrella de Levante, notre bière régionale, alors elle sera très prolixe en termes de compliments. Spontanément tactile, sa main est amicale, animée d’une certaine générosité. Parce que la femme de Murcie, c’est surtout la générosité. Dans ce qu’elle est. Dans ce qu’elle offre. Elle semble avoir intégré le soleil en elle et, si elle le désire, peut l’irradier avec ce grand sourire qu’elle vous fera, ou qu’elle fera à l’arrivée des tapas. Parce qu’elle est naturellement gourmande, mais gourmande de tout, gourmande de la vie, surtout.
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