Chers lecteurs et lectrices, dans ce nouvel article je partage avec vous un des derniers extraits de mon journal. C’est en partie, un hommage à ma grand-mère espagnole, que vous identifierez dans l’article comme « abuela » ou « Lawuela » (contraction enfantine de la abuela, la grand-mère).Elle avait appris le Français sur place, en France. La rue où elle habitait, était un ce que j’aime appeler, point de rencontre culturel. On parlait espagnol à tout va, et chacun chez sois, reproduisait un peu de son Espagne.
Ce n’est pas une histoire extraordinaire, c’est une tranche de vie, et peut être que ce sera aussi un peu votre histoire, que vous retrouverez des traits de votre enfance / Jeunesse. Parce que l’immigration espagnole vers la France, à été très importante, et à engendré parfois des couples mixtes, qui ont donné le jour à des petits enfants de double culture.
Le décès de Lawuela à été un nouveau pas dans mon expatriation en Espagne… C’est en la perdant, que j’ai trouvé mon pays, que j’ai compris, que ma place était sur la terre qui l’avait vu naître, et où désormais, elle repose. Parce que ces souvenirs là, me sont précieux, j’espère qu’ils vous transporteront un peu en Espagne, et vous réconforteront en ces moments compliqués.
Lundi 1er novembre 2020
Je me suis réveillée ce matin, avec un sourire aux lèvres. Cette nuit, j’ai rêvé d’elle. Cela faisait tant de temps que je ne l’avais pas vu, et pourtant, elle était là, assise, faisant ses napperons, racontant je ne sais quoi, du moins, je ne sais plus. C’est incroyable, comme les rêves ont ce pouvoir de consoler, d’apporter un peu de la joie.
Lorsqu’elle est partie, j’ai offert de ses tenues à une amie qu’elle aurait beaucoup aimé, j’en ai fais don aux associations, j’ai gardé, quelques choses pour moi. Dimanche, j’avais lavé son chemisier rose poudré, qui me va trop grand mais que je n’ai pu, me résoudre à donner. J’avais lavé sa mantille en laine, résignée et obligée d’accepter que de toute façon, elle n’avait plus son odeur.
Son parfum s’était étiolé, qu’il en soit sur ses foulards, ses oreillers. Sa présence s’était dissipée, elle n’était plus à marcher entre ses plantes, s’activer dans la cuisine de notre maison de Totana.
À présent, il était temps, de faire vivre cette mantille, que mon arrière grand-mère avait confectionné. Sa couleur bordeaux correspond bien à celle de mes yeux, en plus, l’on m’a offert un fard à paupière qui saura y faire echo. Je sais que Lawuela, serait contente que je la porte, comme elle serait contente de savoir que j’utilise sa palette de maquillage. Sa montre. Son sac à main.
Lawuela, est partie de France.
Je l’appelais Lawuela. En réalité, lorsque mon père me parlait d’elle, il me disait « la abuela » avec son accent murciano, mais la petite fille que j’étais, comprenait, entendait, Lawuela. Même adulte, je m’abstenais, dans une sorte de tendresse, d’articuler normalement, je continuais de la nommer, de la même façon que je l’avais toujours fait.
Lorsque Lawuela est repartie pour l’Espagne, j’avais presque 7 ans, et du peu que je m’en souviens, il est resté quelque chose de mon coeur dans la rue Denfert Rocherau. Chaque fois que je vais en France, je passe dans la rue, je lève la tête vers l’appartement, je me laisse saisir par les souvenirs. C’était un petit appartement pas cher à la location, il y en avait d’autres, à l’époque, c’était avant que les prix de l’immobilier explosent à l’Isle sur la Sorgue.
« Ils vivaient tous làs bas«
Ces espagnols venus chercher la vie meilleure, un semblant de fortune. Que vous le sachiez tous : Ces gens, ont travaillé dur, l’argent, ils ne l’ont pas volé. Ces femmes ont nettoyé vos maisons, ont repassé votre linge, élever vos enfants. Ces hommes ont construit vos maisons, ont ramassé les fruits dans les champs pour que vous puissiez avoir le plaisir de les croquer. Ne l’oubliez jamais.
Lawuela avait ses amies, des de Madrid, des de Murcia et d‘Almeria, et ça parlait espagnol à tout vas, avec différents accents mais ça se comprenait. L’autre s’il venait du même pays, était un peu comme de la famille, était un peu à lui tout seul, un pèlerinage à la virgen del Carmen où le parfum des fleurs d’azahar* qui monte vers minuit dans la nuit valencienne pour donner au rêveur, plus d’envoutement.
La voisine de pallier était une gitane très respectée d’Aguilas, et qu’elle soit bénie et repose en paix. Elle est partie 15 jours avant Lawuela, en éclaireuse vers le Paradis.
Mon oncle m’a raconté, que lorsqu’il était petit, traverser le couloir pour aller chez cette famille, c’était déjà une fête. Aller chez un voisin du pays, était tout un évenement, et on y allait, à l’espagnol, à l’heure espagnole. On se faisait beau, on cirait bien les chaussures inconfortables et vernies, on se parfumait, on se coiffait, Lawuela était d’une coquetterie imparable, elle était toujours la première prête !
Lawuela ou la nostalgie d’un pays
J’ai connu la nostalgie d’un pays, celui d’une Espagne idéalisée, où m’on vantait les oranges juteuses, les tables dressées en plein dans la rue, les paellas al campo* ,la huerta murciana*, las migas* en bord de mer… J’ai grandis en entendant les histoires de personnes que je n’ai jamais connue et que je ne connaitrais jamais, car elles sont décédées depuis.
C’est incroyable comme dans le patelin de l’Isle sur la Sorgue, l’on savait toutes les histoires plus ou moins avouables du Pueblo. Les histoires de mariages, d’hommes emportés par la Sorcière*, de nouvelles naissances, d’une petite fille devenue adolescente… El Pareton, Totana, et puis Puerto de Mazarron, surement d’autres villes, dont on bénéficiait de la primeur des informations. Celles-ci allaient d’une vitesse, à croire que toutes ces bonnes femmes, ces Carmen, Pilar, Inmaculada, vivaient près du téléphone. Que les Maria, Ana, Dolorès, passaient en Espagne leur temps derrière les jalousies, l’oeil avisé, oreilles contre les murs, la main rapide pour saisir au vol les informations et le combiné.
Hors le cancan, l’intérêt (parfois franchement dérangeant)
des espagnols pour la vie des autres, et ce qui ne leur regarde pas, j’avais toujours à mon oreille le récit d’un pays qui est très beau, qui n’est pas cher, où l’on a encore une culture, où l’on sait encore, faire la fête. Où bien entendu, on mange à satiété, oui, à les écouter, l’Espagne semblait parfaite, même s’il y avait des questions, auquel on ne répondait pas, des zones obscures… Des histoires qu’on éludait vers quelque chose de plus gai…
Ce manque du pays, sans qu’ils s’en rendent compte, ils me l’avaient transmis. Ce côté humble, celui de faire que du bruit en communauté mais pas devant les autres, ils me l’on donner aussi. Ils avaient appris le français sur le tas, Lawuela à vie, garda son accent, qui pouvait faire sourire.
Je m’en suis rendu compte, des années plus tard, que j’avais grandis avec le manque de quelque chose, d’un pays, d’un pays qui semblait toujours mieux malgré tout. Elle a du m’en raconter des histoires, Lawuela, mais je les aient oubliées, de mon enfance, je ne garde que des images dans ma tête, quelques situations, des odeurs. On dit la Madeleine de Proust, et bien jamais, non jamais, j’ai retrouvé les madeleines si délicieuses qu’on envoyait depuis l’Espagne, à Lawuela, et que je mangeais dans la cuisine.
Une culture vivante
L’appartement de mes grands parents, était plein de courant d’air, tant les gens y entraient et en sortaient. Toutes ces personnes dont l’accent m’empêcher de comprendre leurs paroles. Ce sont autant de fantômes dont on ne sait plus définir le visage, dont on a peut être perdu l’histoire ?
Il y avait Santa Eulalia un peu partout, Lawuela parlait d’elle, très pieuse, et m’offrait des images de la Sainte aux boucles brunes faites de véritables cheveux humain et au manteaux rouge brodé d’or. Dans le salon, il y avait des photographies de la Semana Santa, et toujours je réclamait qu’on m’y emmène, or, elle avait toujours lieux quand j’avais école. J’était impressionnée par ces images de Madones en larmes, les Jesus en douleur. Je ressentais face à celle-ci une sorte de fascination, quelque chose, d’inexplicable, qui n’avait rien à voir, avec la foi.
Il y avait une odeur particulière chez Lawuela.
Je ne sais pas, si c’était ses produits ménagers, ses parfums, la nourriture. Comment dire, ça sentait l’Espagne, je changeais de pays rien qu’en passant la porte. J’adorai, comment Lawuela arrivait à bloquer ses plantes sur les bords des fenêtres. Elle trichait un peu pour la place en les plaçant sur le toit des voisins. Ses plantes, qu’elle avait ramené d’Espagne, et qu’elle avait reprise en partie, du moins les plus petites lorsqu’elle y est retourné.
Est ce que j’eu le coeur brisé lorsqu’ils sont retournés au pays ? Je ne sais plus, je pensais certainement, que c’était pour les vacances, qu’elle reviendrait. Ils sont partis (les grand-parents) avec leur valises, en bus. Ces même valises que j’ai retrouvé, remplis de choses qui m’ont paru tant désuètes, et qui pour les abuelos étaient importantes. Rien que de l’écrire, je le coeur qui se serre. Et dire, qu’ils n’avaient même pas déballés certaines valises, ils les avaient gardés, comme reliques d’une vie d’avant… ou bien, ils avaient clos une partie de leur vie.
Ton absence, Lawuela
Alors qu’en France, je n’avais rien de la présence de Lawuela, j’avais le silence de ses plantes. En fait, il s’agissait de celles qu’elle n’avait pas pu prendre, et que ma mère ne savait pas entretenir. C’était moi, qui les maintenaient en vie, jusqu’à ce que j’emporte en quittant la maison, la vie des fleurs… Lawuela, m’envoyait pour Noël, des colis de mantecados, des gadgets, des vêtements vraiment bizarres que je ne portais pas, considérant que l’on se moquait suffisamment de moi à l’école, et de la charcuterie. Nous avions aussi des oranges, des citrons, pamplemousse un gros jambon. Parfois il y avait un de ces pains énormes et ronds, que l’on fabrique encore actuellement, dans les champs…
C’était magnifique. J’étais la plus heureuse des petites filles, ne sachant par quel petit paquet colorés de polvorones commencer. Je voulais tout gouter, tout manger, morcillas, salchichas, Yema et nougats….
Aie, voila, je l’écris et j’en ai la larme à l’oeil, c’est vrai, je me sentais si fortunée, ne laissant aucune miettes, cachant des mantecados, pour allonger mon plaisir. Comme j’ai pu être déçue et en colère, de les manger rances parce que je les avaient gardés trop longtemps. À n’avoir personne avec qui profiter de ce plaisir, ils n’avaient plus de saveur, comme les souvenirs sont oubliés, s’ils ne sont pas écrits, comme ils disparaissent, s’ils ne sont pas partagés.
À SUIVRE
Paellas al campo* : Paella faîtes « dans les champs » la maison de campagne
La huerta murciana* : la campagne de Murcie
Las migas* : plat typique espagnol. On aime beaucoup le consommer lorsqu’il pleut (région de Murcie)
Hommes emportés par la Sorcière* : se disait d’un homme emporté par la mort, ou ayant disparu sans laissant de trace. Cette phrase se disait également d’un homme marié ou en couple qui s’en allait avec une autre femme. C’était une phrase souvent dîtes aux enfants « pour les consoler », garder les apparences.
Merci pour votre lecture !
Vous désirez acheter une propriété en Espagne ? Nous sommes les bonnes personnes pour vous aider dans votre projet !
Votre désir est de vivre en Espagne ? Vous vous posez plein de questions ? Nous vous invitons à rejoindre notre communauté francophone sur Facebook ! En effet, vous y rencontrerez une multitude d’informations et des personnes enchantées de vous aider !
Au travers de notre page Retraite en Espagne, nous vous conseillons, pour acheter une villa en Espagne, comme pour votre expatriation…Nous faisons de votre rêve quelque chose de concret !
Nous sommes chasseurs immobilier, et nous sommes le partenaire de confiance dans votre projet. Découvrez l’intégralité de notre prestation très complète en cliquant ici.
Nos secteurs : les régions d’Alicante, Murcie et Almeria,
Contactez nous à info@retraiteenespagne.com et faîtes nous part de votre projet !
Je ne sais quoi dire tellement ton récit et prenant. A travers c’est quelques lignes, on sent à quel point ton abuela était importante à tes yeux, que tu as toujours ce respect envers que tu n’avais lorsque tu étais jeune. C’est ce que je ressent en lisant ton test c’est que chaque moments passés à ses côtés, t’ont rempli de gaieté et de bonheur. Tu as tellement le cœur gonflé de son amour, qu’il t’ait difficile de ne pas avoir envie de pleurer et de la revoir ne fusse qu’un bref moment pour lui dire un tas de chose. A travers ces quelques lignes tu l’as fait revivre et la faire connaitre. Elle peut voir de là haut le dame que tu es devenue, elle serait fière de toi. Désolé de t’avoir dit tout cela mais en lisant ce texte, je pouvais me l’imaginer.
Bonjour
Ce récit est sublime une aude à ta grand-mère ton lawuela chérie
Ce qui m a fait humblement sourire c est que je connais bien les lieux dont tu parles l isle. Sur sorgue, et comble de tout je vis actuellement dans un village Varois dans la rue denfert Rochereau.
Avec mon épouse nous sommes amoureux de l Espagne et le projet d une retraite espagnole grandit
Merci pour ces belles lignes