Et si, je vous racontais ma vie en Espagne ? Avant de m’expatrier définitivement, ou du moins, retourner à mes racines, j’ai beaucoup explorer la région de Murcie. Qu’il s’agisse à pied, comme en bus, train, et autostop, j’ai décidé de tenir un journal, à titre personnel.
Aujourd’hui, je partage avec vous, certains de ses extraits qui, j’espère, vous donnerons envie de découvrir la belle région de Murcie et la Costa Calida. Peut être même, que cela vous donnera l’envie de vivre en Espagne, de passer votre Retraite en Espagne ?

Journal : Un Dimanche matin d’Aout, 08h05

Cher journal. Il n’y a personne, sur la Balsa Vieja. Quelques agents de surface nettoient les dalles, un ancien, mains dans le dos, trottent en parlant tout seul. C’est la Totana que je préfère, celle du petit matin, qui se laissent gentiment lustrer par les premiers rayons du soleil d’été. Plus tard dans la journée, la chaleur sera un lasso qui claque sur n’importe quelle joue, qui rend encore plus jaunes ou plus blanches, les façades. 

Hector m’attend, en tapant un peu du pied parce que j’ai 5 minutes de retard. Je peux expliquer, ces 5 minutes de retard : Entre temps, je me suis arrêtée au barrio san José pour regarder un enfant courir derrière un chat. J’ai levé la tête pour regarder le ballet léger des hirondelles. En l’occurence, j’ai essayé de compter combien de petits becs, dépassaient de leurs nids. J’ai aussi nourri, ma poésie interne en regardant la décrépitude de cette vieille maison, autrefois on le devine, splendide, au détails de sa façade et à la façon de sa porte. 

Mes 5 minutes de retard, résultent de la contemplation. En quelque sorte, je sait tirer profit (parfois) de mon sang latin.

Cher journal, en route !

Cher journal, tu es dans un coin de mon sac à dos, et tu m’accompagnes dans l’aventure. Parfois, je t’en sors, pour écrire, mettre une note. Nous prenons le chemin, et nous traversons la Huerta*, que j’aime tant. Les citrons d’été prennent ce jaune foncé, trop frappés du soleil. Sous des toiles blanches, poussent jalousement les raisins de tables, de ceux qui explosent sous la dent, gorgés d’eau et de sucre. 

Un vieux paysan assis dehors, sur sa chaise, m’interpelle :
-Nena, vente paca mira lo que tengo ! (Petite, viens par ici et regarde ce que j’ai)
J’avance, confiante, et il me montre du doigt un énorme figuier. Il demande où nous allons ainsi, nous répondons « nous allons à Aledo ». Bien entendu, il nous traite de fous, et nous dit de prendre un peu d’énergie et de sucre en mangeant ses figues, qui effectivement, son délicieuses.

Murcie, la région du partage.

C’est ce que j’aime, dans la région de Murcie, cette prédisposition au partage, surtout de la nourriture. Hector et l’ancien parle des récoltes, et autres faits d’agriculture. Je suis désintéressée, occupée à jouer avec un petit chien aux origines indéfinissable. Une sorte de teckels avec une tête de pincher avec des gros yeux, d’un beige crémeux. No coment. Des extraordinaires de ce genre, j’en vois plein, cher journal.

On dit merci au monsieur, et la route reprend. Je ne sais pas qui verra d’autre l’ancien, je crois, qu’il attend que la famille vienne manger un bon arroz, c’est typique ici. Le dimanche, on se retrouve en famille pour l’arroz. Ou la Paella. L’hiver, ce sont les migas.
Bientôt, nous quittons la huerta* fertile pour la route la plus compliquée, celle du barranco*, escarpé. 

Des visions toujours… Inattendues se condensent dans mon journal !

Je souris, parce que l’hiver dernier, j’avais fais le même trajet avec Lionel et nous y avions croisé une dame, très bourgeoise et envers et contre tout, élégante en peignoir et pantoufles. Elle s’était sentie un peu mal à l’aise d’être vue attifée de la sorte. Pas coiffée, l’unique maquillage était tatoué sur son visage, elle trouvait une excuse pour expliquer sa présence au milieu de nulle part. Elle était accompagnée de ses chiens. Dont l’un, plutôt amical, qui a fait un petit bout de chemin avec nous.

C’était surréaliste. Je l’ai photographié parce que je me suis dis, que personne ne me croirait : une dame en pantoufles. De surcoût, d’un âge respectable, qui gambadait dans un vilain barranco* alors que moi en chaussures de randonnée, je ne parvenais pas à marcher droit et je trébuchais. Une dame toute élégante en peignoir bleu, comme une apparition.

Nous ne croisons personnes. En même temps, qui va s’aventurer en plein été à randonner dans la Sierra Espuña ? Si ce n’est que deux fous, comme dirait l’ancien !

L’art de s’arrêter, et de profiter de la vie en Espagne.

Souvent, je m’arrête. Ceci dépasse Hector, qui ne comprend pas comment on puisse autant s’arrêter. Surtout, pour regarder tout et rien. Ingénieur militaire de profession, il va au plan technique, la contemplation est secondaire. Souvent, je lui demande de s’arrêter, parce que j’ai entendu un bruit, je lui fais signe de lever la tête. C’est un écureuil qui saute d’arbre en arbre, et il me dit :

« Savais tu qu’autre fois la pinède d’Espagne était tellement vaste que les écureuils pouvant traverser le pays, seulement en sautant d’arbres en arbres ? »

Non, je ne savais pas, mais ce que je peux dire c’est que l’écureuil à un petit ventre blanc bien rempli…

J’apprécie, renifler par ci-par là, une fleur, m’accroupir regarder un insecte. Je pense, que je ne suis pas du tout la bonne compagne de route, je rend les voyages plus long, je pose beaucoup de questions. Hector aime cette part là car il a l’occasion de m’apprendre des choses sur la forêt, la région. De montées en descentes, de presque chutes en course entre les buissons, nous arrivons au pied de la médievale Aledo, implacable, face au soleil, provocante...

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Huerta : campagne
Barranco : Lit asséché d’un fleuve ou d’une rivière.

Merci pour votre lecture !

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Hasta la proxima !
Aleksey Vidal, de Retraite en Espagne.